Marcheurs, Marcheuses, C'est avec tristesse que nous vous annonçons que la réunion initiallement prévu ce Samedi 12 Septembre à La librairie La Gryphe est annulée. Compte tenu de la situation, nous ne sommes pas en mesure de fixer une nouvelle date pour se retrouver mais vous assurons de vous tenir informer des que possible. Esperons que ce contre temps, ne nous empechera pas de nous retrouver nombreux à une date ulterieure. En l'attente de pouvoir partager nos impressions sur la Marche et d'elaborer de nouvelles perspectives, n'hesitez pas à rassembler tout le materiel (textes, récits, photos, son et vidéos...) pour les mettre en commun et imaginer en faire quelques choses. En l'attente de vos nouvelles, A Sara Dura!
Archives de l’auteur : ibanez
Marche NO TAV, récit jour après jour
Dimanche 12 Juillet
“Nous avons trouvé une étrange empreinte sur les rivages de l’inconnu.L’une après l’autre nous avons élaboré de profondes théories pour rendre compte de son origine. Finalement, nous avons réussi à reconstituer la créature qui a déposé cette empreinte. Et voila !C’était la notre”.
Nous sommes en Italie depuis deux jours. Tout est allé très vite et a été très intense.
Voilà 10 jours que nous marchons ensemble, à 100, 200, 300, à travers routes, chemins, et sentiers de montagnes. Nous avons passé des villages, des bords de rivières,longé des champs, passé des ponts, des cols, une frontière.
Après notre passage à la descendrie de St Martin la Porte nous avons continué notre route vers Villarodin où nous nous sommes arrétés deux jours.
Nous sommes alors acceuillis sur un terrain municipal : le maire, No TAV, opposé au TGV, avait accepté notre venue mais était parti en vacances. Le champ, bien que magnifique était trop petit pour tous nous accueillir. Un paysan nous prêta donc sympathiquement quelques bout de terre pour y être à notre aise. Heureusement, comme l’a si bien dit hier une italienne “Nous ne sommes pas toujours organisés, notre grande force, c’est l’improvisation”.
Sur le terrain au bord d’une rivière,au pied des crêtes, entre tournesol et achillée, les tables se montent, le bus cantine se déplie, et les barnums se dressent en quelques heures.
Le lendemain matin, le 9 juillet, nous allons au marché de Modane. Certains distribuent des textes, d’autres chantent, ou discutent autour d’un café. Nous repartons les coffres pleins de cagettes de fruits offerts. Comme chaques jours, on mange un bon repas avant une discussion sur les luttes contre les lignes THT, les centrales nucléaires, et les centres éoliens. On s’échange des nouvelles, des pratiques, des reflexions, entre le nord de la france, l’Aveyron, la vallée de la durance, le sud de l’Algérie. Il y a des personnes de tous ces endroits là, car comme nous l’expliquerons aux italiens, bien que la lutte parte d’un territoire situé, les questions qu’elle pose et la possibilité d’empêcher ces projets d’infrastructures se déploient à l’échelle nationale et internationale. Et nous tissons des liens sans cesse.
Le soir nous parlons aussi du Kurdistan, où se racontent et confrontent différentes visions et perceptions des enjeux des luttes et de l’organisation révolutionnaire kurde rencontrées lors de voyages et du récit d’un jeune syrien en exil qui nous suivi tout le long de la marche.
Nous sommes juste à côté du chantier de la descenderie de Modane. Ils creusent la montagne et s’apprêtent à réquisitionner des terres pour stocker les montagnes de gravats produites par les excavations. Le gardien du refuge du col du petit Mont-Cenis que nous rencontrons le lendemain nous en parle, il perdrait 10 hectares, il a pris le drapeau, c’est un sympathisant.
Le soir nous faisons une marche au flambeau, il est 10 heures, la nuit tombe, les torches s’allument,nous partons vers Modane. On passe devant les grilles de ce chantier où le vigile a dû traverser un petit moment de solitude et d’angoisse, mais nous ne nous arrêtons pas, nous allons vers la ville, en se disant qu’un vendredi soir il y aura peut-être des gens à rencontrer. On avance sur Charly parker dans cette ville presque déserte. Quelques personnes aux fenêtres sourient, on croise une bande de jeunes sur la place de la fontaine. Il nous prennent au début pour un rassemblement chrétien puis viennent marcher avec nous. Quelques heures après ils sont encore là à dire « Ben oui on est toujours là, toujours là, ouais NO TAV ». On se retrouve devant la gare, quelqu’un joue de l’accordéon, un bal improbable se lance. Il reste un étrange souvenir de cette marche impressionnante, presque menaçante, qui finit par danser, entre le musée du TVG Lyon Turin,un bus de l’armée de terre, les terrasses de bar. Nous rentrons, un de ces moments de marche où on se tient, on discute longuement, on partage bonbons et idées.
Le lendemain c’est le départ, on traverse le col du Mont-Cenis, on y rejoint les italiens, pour passer la frontière ensemble.
Nous partons tôt, en convoi où flottent les drapeaux, fusent les klaxons. Nous entamons la montée en chantant: « ils remontent la montagne en criant NO TAV … »
Les rythmes s’accordent comme un accordéon tenu par un même souffle. Nous ne passerons plus jamais de la même manière dans ces endroits. On se retrouve tous au pied du fort, pas loin du barrage du Mont Cenis. Les italiens et italiennes sont là avec du fromage, du pain, du vin, des gâteaux, de la joie.
Une chanson s’écrit :
No no no no tav
nana chebab al No tav (nous les jeunessont no tav)
rasba anak ya police (va te faitrefoutre la police)
nana ma badna kitab (nous ne voulonspas du train)
Pour construire un TGV, lalilalala
vogliono destrustrige la nostra valee
mais on les f’ra dérailler lalilalala
on arrive de tous côté lalilalala
(couplet en syrien)
…
les NO TAV sont arrivés, lalilalala
Ils ont peur pour leur chantierlalilalala
refrain
Si parte si torno toujours insieme
du coté italien ils ne lachent rien
tav tav stay away or we’ll be on your way
scheiss scheiss polizei ça brule ai ai ai
Nous tapons dans les mains, on chante en attendant le pic nic.
Puis à une soixantaine de voiture, cette impressionnante colonne descend vers la vallée italienne qui nous a tant apporté en idée, énergie, et rencontres.
Nous allons les rencontrer, tenter de leur transmettre un peu d’énergie à notre tour, discuter avec eux de la situation.
Nous sommes attendus à la frontière.Ces absurdités administratives. Une centaines de carabinieri (police italienne) et de digos (rg italiens)nous bloquent, et avec nous le seul axe routier qui relie la vallée de la Maurienne à l’Italie. Les italiens négocient notre passage, seuls les conducteurs seront controlés mais les passagers filmés. La police se retient difficilement de dévoiler son fachisme, ils sont énervés, menaçants, ils forcent l’ouverture des portes, bloquent les véhicules qui ne se laissent pas filmer, tentent de crever les pneus.
Cela prend plusieurs heures et provoquent des bouchons de plusieurs kilomètres.
Nous passons finalement tous, la rage au ventre. Saleté de frontières et de flics. Et arrivons à Venaus,un des presidio de la vallée de Suse
Nous sommes attendus, acceuillis. Le lendemain un maquisard de la seconde guerre mondiale, habitant de la vallée depuis toujours, nous parle des sabotages de train (qui servaient au transport des soldats nazis en 43 et 44 et de leur matériel) qui ont marqué l’histoire locale. L’après midi nous allons marcher dans la forêt du chantier de la Maddalenna. Nous passons sur l’autoroute, observons les avancées du chantier. Cette forêt est devenu zone militaire, nous voulons déposer un drapeau en mémoire des résistants, les militaires refusent, nous prennons un autre chemin pour le faire quand même.
C’est chargé de souvenirs, certains et certaines connaissent ces bois par coeur.
Le soir nous allons à la fête au presidio de chiomonte, un autre presidio à côté d’un autre endroit du chantier. Il y a un concert, à manger, nous affirmons avec ceux de la vallée une présence devant les grilles du chantier, gardé par la police. Nous sommes là, on est ensemble, on fait la fête. Nous allons quand même cogner aux grilles: « Giu le mane de la valsusa”. Quelques personnes escaladent les grilles, ils tirent avec le canon à eau et gazent en tirs tendus.
Le concert continue tout de même et la fête s’étire jusqu’au matin.
Le dernier jour, dimanche 12 juillet,une assemblée internationale invite tous les comités de la vallée et nous permet de les saluer, remercier encore une fois de leur accueil, de prendre des nouvelles de la lutte et des difficultés du moment : militarisation intense et procès incessants. Mais aussi des problèmes techniques prévisibles du chantier actuellement bloqué depuis 20 jours suite à la découverte d’une poche d’eau sous pression sur le tracé du forage.
On se quitte en se rappelant que notre force de blocage ne pourra les entraver qu’en prenant l’ampleur d’une grève générale, et d’une solidarité des deux côtes de la frontières. Il ne faut pas se focaliser que sur l’endroit du chantier mais étendre le mouvement et la conflictualité.
Nous avons rendez vous le deuxieme weekend de septembre à Lyon pour préparer un prochain rendez vous à l’automne, peut-être un repas sur un des endroits où nous sommes passés, peut-être la construction d’un presidio côté francais …
La suite est à inventer.
Au moment où nous écrivons, au presidio de Venaus, une voisine nous emmène des gateaux, elle fait ça souvent, nous dit-elle, ramener des douceurs aux NO TAV.
Le café est près, a bientot.
A sara dura !!!!
Mercredi 8 Juillet
Petite visite de la descenderie de St-Martin-la-Porte:
Petit chapardage et pique-nique avant de partir en convoi sous le regard des gendarmes vers Villarodin, dernière étape avant de passer côtés « carabinieri ». Ce soir discussion sur les luttes autour de l’energie (nucléaire, éolienne, tht, transfo) suivit d’une projection du film d’Alessi Dell’Umbria sur la lutte contre les éoliennes au Mexique avec le réalisateur.
Demain nous serons également à Villarodin, rejoignez-nous au camp , le lond de la rivière, pour aller tracter dans Modane, partager la dernière grande assemblée sur la marche ses suites et préparer le passages de la frontière pour rejoindre les camarades de Val de Suse.
Mardi 7 Juillet
Le matin nous avons visité St Sulpice, village qui sera démolli si le chantier se fait, mais ça risque pas. L’après-midi nous sommes parti en cortège jusqu’à une scierie également impacté par le projet, et avons rejoint le camp à St julien Mont Denis où Daniel Ibanez a pu partager son savoir technique sur les incohérences et stupidités du proget du tav.
Lundi 6 Juillet
La journée a été longue pour les marcheurs qui sont partis de Val Pelouse au dessus de La Rochette pour arriver à St Rémy de Maurienne. Rude descente mais un lac où se jeter à l’arrivée !
Nous sommes actuellement à St Sulpice, du monde nous a rejoint. Ce soir c’est repas en musique avec deux groupes qui viennent tout spécialement nous faire un petit concert, avant une discussion sur le Chiapas.
Demain mardi 7, nous serons encore à St Sulpice le matin, petite ballade à 10H pour aller voir la sortie du tunnel qui ne sera pas construit ! Puis nous irons à St Julien Montdenis pour passer la nuit (sans oublier le plongeon quotidien dans le lac vers Villargondran). Le soir nous aurons le plaisir d’accueillir un des techniciens contre le tgv pour nous expliquer les tenants et les aboutissants économiques de ce projet. A la tombée de la nuit nous serons heureux de participer à un « specatcle » de cirque !
N’hésitez pas à nous rejoindre !
Dimanche 5 Juillet
Summer is coming : jours brûlants du village au long cours
Année 2038. Le tunnel a été percé. Les trains ne passent toujours pas. Nous sommes autour d’un braséro, le feu joue sur nos joues hâves. Nous sommes assis avec les membres du C.H.A.N.C.R.E : Collectif des Habitants Agonistiques Nés Contre le pRojet Enervant. D’autres groupes, d’autres anonymes se racontent leurs histoires. Nous nous remémorons la Grande Marche. Chacun y va de son souvenir de fête, d’une discussion nocturne à bâtons rompus, de plans qui semblaient alors s’échaffauder sur la comète. Nous sommes maintenant au cœur de la comète obscure lancée contre la civilisation de la Vitesse Contrôlée. Le plan s’était porté à merveille en 2015. La structure de base proposée par la marche s’étoffait, se complexifiait et s’alimentait. Nous racontons les à-côtés des repas. Eux abreuvaient nos corps plus ou moins fatigués par les marches, les échanges logistiques, les montages, démontages, préparations et organisations. « Il y avait toujours de quoi restaurer nos forces midi et soir » se rappellent certains.
Nous parlons des soirées. Un sentier se dessinait au fur et à mesure des échanges. Des idées affleuraient, grandissaient, se répercutaient, et traçaient finalement un territoire où notre lutte pourrait évoluer. Les contreforts nord-est de la chartreuse s’irriguaient d’arguments, d’idées, de pratiques diverses, plus ou moins lointaines. Ce nouveau territoire est celui de notre tribu de lutte, toujours en marche depuis.
Le fil logique sur lequel nous avançons encore connut son lancement habituel le mercredi 1 juillet. Le soir, réunis à l’ombre de la haie de Virginie, nous écoutâmes le récit des années de luttes du collectif contre le projet de TGV de Chambéry et de la Maurienne. Ce fut une belle introduction, car elle mettait en évidence le trajet déjà parcouru, et les difficultés qui se dessinaient devant nous dans les hautes vallées. Ce qui a déjà été parcouru, c’est l’opposition farouche à l’enquête publique, la constitution des dossiers d’argumentaire contre le projet, les recherches poussées sur la question du financement des travaux, de leurs dangers, de leurs irrégularités. Il a été question de cette avanie éternelle qui révolte les citoyens français : les partenariats entre l’Etat et les entreprises privées (les fameux PPP). Le TGV ne pouvait pas passer pour des raisons financières : le budget n’est pas encore obtenu par les organes de construction. Il ne pouvait pas se faire pour des raisons économiques : l’argument des emplois est faussé car les travaux embauchent du personnel à haute qualification venant bien souvent d’Allemagne ou d’Autriche. Pour des raisons techniques enfin : l’argument du ferroutage était alors très récent, et forcerait à percer un autre tunnel à travers la Chartreuse et Belledonne, ce qui pour lors n’était pas prévu dans le projet, et absurde, même pour la raison économique alors en vigueur. Bref, ce soir-là, nous étions tous analystes ou en passe de devenir experts. Nous parlions donc surtout des contradictions inhérentes du projet, tel un Marx collectif relevant les contradictions internes du Capital qui auraient dû le mener à sa fin. Ce soir-là, nous suivions les circonvolutions de l’évidence sensible primaire avec laquelle on entre et se débat toujours dans une lutte. Mais même bardés d’arguments, tous ne se sentaient pas prêts à affronter les hautes vallées.
Le premier obstacle, érigé lundi, vacilla dès le jeudi 2 juillet. Des amis de la Zone d’Autonomie Définitive de Notre-Dame-des-Landes ont raconté avec une clarté, une énergie, et une ambition, les années précédant l’occupation définitive de cet autre territoire. Notamment, et à point nommé, la création du Collectif des PAysans Indignés coNtre le projet d’aéroport. En son sein s’étaient retrouvés des paysans et agriculteurs d’horizons divers, divisés jusqu’alors dans l’impuissance de leurs positions syndicales respectives. Thierry, le paysan qui accueillait alors la marche, reprit immédiatement l’idée, en proposant à Virginie, hôte à Verel de Montbel, et à un éleveur de vaches du même village, de s’embarquer ensemble dans la création d’un collectif similaire. C’est-à-dire : nous surmontions les obstacles aussi aisément que les cols de montagne. Et la même chose était en jeu : la force et le courage de se dire : tout seul non, mais ensemble, oui, peut-être. [ « A bas toutes les chapelles, nous sommes un seul et même assemblement »] . Et quelqu’un en rajouta encore, en parlant du Larzac, de Plogoff, de la pratique du rachat collectif de terres. Nous avions alors conversé joliment sur la possibilité réelle d’appliquer ces pratiques à la lutte qui nous rassemble. Et là dans le tunnel, nous nous rappelions qu’à ce moment était né l’enthousiasme, ce petit dieu de nos foyers brinquebalants. Ce soir-là, c’était la passion qui nous animait, celle qui croît et qui transforme une lutte en la vie. Celle qui se passe des montages complexes d’arguments et de contre-arguments, et qui s’élance vers l’organisation. Celle aussi qui connaît cette nouvelle qualité du territoire : de s’ouvrir, d’écouter les histoires des lointains et de s’en nourrir.
Les plus marrants d’entre nous se souviennent que ce fut aussi la première nuit de fête au campement. Que certains dormirent un peu moins bien que d’habitude, mais que c’était pour la bonne cause, c’est-à-dire cette cause éternellement puissante qu’est la joie.
C’est certainement elle, la joie, qui a fait de la journée suivante, le vendredi 3 juillet une vraiment belle journée passée à l’ombre des noyers magnifiques, qui se rappelaient à nous comme ce qu’ils étaient pour nos ancêtres : les havres de la magie. Certains partirent faire les foins dans les champs de Thierry, avec ses juments, Radieuse et Altesse. D’autres cherchèrent une nouvelle fraîcheur au bord du lac d’Aiguebelette. Et le soir tous étaient de retour au village, pour écouter les élaborations et les récits de la lutte NO TAV du Val de Suse, racontés par nos amis italiens. Leurs voix se modulaient, tantôt chantantes, tantôt hululantes, une fois fortes et une fois murmurantes, toujours douces et expressives, au gré de la musique. Des blues tendres et haletants de chaleur se renforçaient petit à petit au son de la cloche frappée par un fer à cheval. Le son grandissait doucement, comme un vent qui menaçait de tempête, éclatant finalement en magnifique symphonie. Mais rien à voir, tout le monde s’accordait là-dessus, avec le bruit menaçant, puis assourdissant puis si vite disparu comme un fantôme, du TGV. Une autre forme d’assemblée où lecteurs et musiciens, qui ne se connaissaient nullement, s’écoutaient mutuellement et se répondaient avec harmonie. Les rires du publics formaient une ligne mélodique continue qui s’arrangeait également en un bel accord.
Les voix qui riaient écoutèrent ensuite avec attention le récit de Maurizio, qui était venu d’Italie avec ses amis dans un pick-up rutilant marqué en orange fluo de ces mots en dialecte : « Mi sun d’la Val Susa ». Ce soir là, tous aimaient en dire autant : « Je suis de la Vallée de Suse ». Maurizio nous raconta la lutte NO TAV depuis ses débuts, quand des habitants, là aussi, avaient comme lancé ensemble ce grand cri : « tous seuls nous ne pouvons pas, mais ensemble, oui ! ». Ils nous raconta ensuite l’échec des stratégies traditionnelles de lutte, les recours, les argumentaires, les débats publics. Quelqu’un demanda de quelle manière les gens de la vallée avaient construit cette évidence commune que le TAV (le TGV) ne passerait jamais. Maurizio décrivit alors le processus de discussion, de tractage, d’affichage, qui permit à la vallée de développer une autre forme de lutte inédite : l’occupation des zones de chantier. Il raconta la bataille de Venaus en 2005, la bataille de la Maddalena en 2011, et puis le début des passeggiate, ces cortèges qui arrivaient au chantier désormais transformé en fort militaire, pour y démontrer que toujours la lutte était là, qu’on pouvait toujours tenter d’entrer dans le chantier, tenter de l’occuper et d’en empêcher le fonctionnement. Il nous racontait que ce qui comptait, dans cette lutte, c’était le fait de se mettre à vivre ensemble. Que là, résidait la victoire de la Vallée de Suse. Beaucoup semblaient émus par ces récits, retournés par la colère dont ils s’alimentaient. Cette colère à laquelle nous nous ouvrîmes ce soir-là, sous les néons et les noyers, nous a permis il y a des années maintenant de pénétrer non pas le chantier, mais son enfant maudit, le Tunnel. C’est l’autre petit dieu de notre lutte, la colère. C’est aussi en lui laissant de la place dans nos corps que nous avions marché, que nous avions bravé la chaleur, la menace des orages, la fatigue.
Tous ces petits dieux nous poussèrent également à affronter le col de l’Epine le samedi 4 juillet, nous disent nos mémoires et nos conteure.ses. C’est eux aussi qui volaient autour des têtes dans les voitures surchauffées qui roulaient au pas sur la rocade de Chambéry. Eux enfin qui s’amusaient avec nous au Lac de Saint-André, à sauter avec Super-No-Tav et sa super-cape-drapeau du haut des branches ou du bout de la corde à nœud, tête la première dans la baille. Eux qui firent dirent le soir aux québecois qui venaient nous parler de la lutte contre l’exploitation des hydrocarbures menée chez eux : « Tout le monde veut faire une grande fête, nous aussi, l’heure est avancée, que ceux qui veulent discuter viennent nous voir, que ceux qui veulent se désaltérer, flâner à la rivière où jouer aux cartes, s’amusent bien ! ».
Nous écrivions ce dimanche 5 juillet comme une nouvelle trace de pas sur le tapis de poussière, de mélisse, de menthe, de verveine, de luzerne, de paille coupée et de foins pas encore fauchés. Ce tapis rouge qui nous mène aujourd’hui au cœur de la lutte, au cœur de la montagne, là où le véritable problème se pose : nous continuerons toujours cette lutte, le TGV ne passera jamais. Pour certains c’est un souci. Pour nous, une évidence qui grandit encore et que la marche avait alors relancé. Voilà où avait été notre sentier : des haches techniques déterrées à Verel-de-Montbel, nous avions gravi le doux col des organisations collectives, des pratiques diverses de luttes, nous marchions pour l’instant au clair de soleil, sous la menace des orages, écoutant Daniel Balavoine chanter « Je veux vivre », ce à quoi nous ajoutions « Pas survivre, pays savoyard, Grésivaudan, même combat ! Maurienne, nous arrivons ! ».
samedi 4 Juillet
Après un départ tôt du camp de Dullin (encore merci au paysan qui nous a accueilli sur son terrain) la marche s’est dirrigée vers le col de l’Epine puis St Sulpice pour un pique-nique. S’en suivit un convoi pour le camp de Chapareillan (flêché à partir du village), celui-ci prit son temps quelque peu sur la voie rapide de chambéry afin de ne pas perdre d’élément sur la route et d’épprouver la lenteur au coeur des flux maitrisés que certains désireraient toujours plus rapide. Drapeaux dans le vent, escortés par les hommes armés, de bleu vétu, nous nous sommes dirigés vers le Lac de St André pour ériger le drapeau notav sur l’ile centrale.
Encore une fois la cantine a assuré et servit plus de 300 couverts.
Nous comptons sur chacun et chacune pour venir nourrir de ce qu’il peut la lutte de part ses actions décentralisées, materiel à partager, bouffe, apéro, bonnes idées,…
Demain rendez-vous à 9h au camp pour une balade avec le comité contre le Lyon-Turin de Chapareillan.
Le soir, après manger, nous vous invitons à une discussion sur Kobané , village kurde qui s’est défendu contre l’état islamique entre autre.
Vendredi 3 Juillet
Le départ demain matin est à 7h30 pétante, du camp de Dullin. Nous irons à pied au col de l’épine, où le convoi de voitures nous rejoindra pour pique niquer. Arrivée à Chapareillan estimée à 18h.
Jeudi 2 Juillet
Mercredi 1er Juillet
Ce Jeudi départ à 9H30 du camp de Verel (we’ll be back) direction Dullin. Nous nous arréterons au belvedère, arriverons au camp fraichement installé à l’heure de la colation. S’en suivra une après-midi de folie, avec un championat de grangeage de foin, jeux, discussions, piquage de tête à Aiguebellette. Nous acceuillerons des camarades de Roybon (ça chauffe là-bas) à midi et de la ZAD de Notre Dames des Landes le soir pour parler des luttes paysannes.
Aujourd’hui nous traversions Avressieux et le lieu où les aménageurs prévoient de creuser le tunnel fret-voyageur, petit hameau qui va être particulièrement ravagé. Après un pique-nique au bord de l’eau et des bons moments de baignade que center parc ne saura jamais remplacer, nous sommes rentrés au camp pour accueillir les membres du comité NO-TAV de Chambéry qui sont venus nous conter l’historique de la lutte contre le TGV, nous donner du courage et nourrir des perspectives communes.
Les cantines cartonnent, néanmoins n’hésitez pas à ramener des victuailles pour vous ou à partager.
A sarà dura!
salut, les amiEs,
La première journée de la marche touche à sa fin. Une jolie marche de Chimilin à Verel de Montbel avec un pique-nique chichement préparé par la cantine de la marche. Pas de bobos, un gros soleil, un bonne participation, des enfants, des anciens, des gens de loin, de près.
Ce soir (mardi) première assemblée de présentation de la marche et dégustation de la bière « NOTAV ». Les jours qui s’annoncent seront tout aussi ensoleillées alors prévoyez de la crème solaire.
Départ à 9h du camp (Verel) pour une balade vers la future (ou pas) entrée du double tunnel fret-voyageurs.
Venez quand vous voulez, n’hésitez pas à appeler le téléphone de la marche (0640788029) pour savoir où nous nous trouvons.
A 18h rencart au camp pour la discussion sur le projet du TAV( tgv): les points techniques, la contre expertise, la lutte en Italie et sa capacité à prendre forme de l’autre côté de la frontière (ici).
Il a été question hier d’annuler les étapes à St Franc. Ce que l’on peut vous dire ce soir, c’est que nous resterons un jour de plus à Dullin (Jeudi soir et vendredi soir) et que nous mettrons le plus vite possible où nous nous trouverons ce week end !
Que les prochaines journées soient aussi joyeuses!
A sarà dura ! à bien vite!
« La Marche partira de la place du village de Chimilin, Mardi 30 Juin, à 9h apès un petit déjeuner. Tout le monde est invité à rejoindre le point de départ par ses propres moyens (Gare de Pont de Beauvoisin à 5km), avant de s’organiser ensemble pour de possible covoiturage les jours suivants. N’hesitez pas à rejoindre les campements avec de quoi approvisionner les cantines (Besoin de Thé, confiture, de quoi picniker…). En cas d’arrivée à nombreux, ne manquer pas de nous prevenir pour anticiper le nombre des repas. »
Ci Vediamo alla Marcia!
Action de soutien à la grande marche NO TAV
http://rebellyon.info/Action-en-soutien-a-la-Marche-NoTAV.html
Salut à toutes et à tous,
Nous espérons que cette nouvelle lettre vous trouvera plein de vitalité et d’entrain à la perspective de cheminer ensemble entre Lyon et Turin du 30 juin au 12 Juillet. Notre première invitation ayant rencontré un certain écho et quelques questions, nous venons par la présente clarifier certaines de nos intentions.
Il ne s’agit pas d’une marche sur le palais d’hiver ou un quelconque autre lieu de pouvoir ou institution. Nous ne sommes pas à la recherche de symbole. Marcher le long du tracé du TGV c’est se donner les moyens d’apprivoiser des territoires, de se rencontrer. C’est un repérage, une reconnaissance en vue d’une reprise des travaux donc des hostilités. Cette marche s’apparente aux « passeggiata » dans le Valsusa organisée régulièrement pour permettre d’appréhender la montagne, rendre praticable les sentiers, se familiariser ensemble avec les chemins de traverse.
Pour être tout à fait honnête il nous faut expliquer que nous ne marcherons pas de Lyon à Turin. Sur les 15 jours que nous passerons ensemble, nous marcherons certains jours entre deux étapes, d’autres jours autour du camp pour aller découvrir tel chantier qui va bientôt commencer.
Nous ferons des journées au même endroit, avec des assemblées. Nos soirées seront ponctuées de discussions sur les luttes d’ici ou là, mais aussi de concerts et de grands festins. Plus que tout, c’est un temps que nous nous donnons pour vivre ensemble, nous rencontrer. Sortir de l’isolement et allier nos forces. C’est un moment, qui, on l’espère, en appellera d’autres. Trois grandes zones se dessinent : l’avant-pays savoyard, la Chartreuse et la Vallée de la Maurienne.
D’ici là, il y a fort à faire. Nous proposons des assemblées :
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le 29 mai à Grenoble (18h), 38 rue d’alembert (suivie d’un concert de soutien)
-
le 3 juin à Lyon (18h), à la Gryffe, rue Sébastien Gryphe, Lyon 7e
Des marcheurs.es determiné.es!
Le 15/01/2015
Salut à toutes et à tous,
Attention danger, le TAV se remet en route. Et nous alors ?
Les promoteurs de la ligne TGV Lyon-Turin annonçaient la reprise des travaux pour Janvier 2015, à St Martin la porte (en Maurienne).
Pourquoi ?
Et bien parce qu’ils ont le champ libre.
En France la mobilisation contre le TAV n’a jamais vraiment décollé et ils en profitent. Le percement du tunnel entre Saint-Martin-la-porte et le village de Chiomonte va sans doute débuter cette année. Plus les travaux avancent, plus il semble difficile de s’opposer aux aménageurs. Il reste encore beaucoup de choses à imaginer pour que le projet soit abandonné. Dès lors, il nous paraît particulièrement opportun de dépasser les discours proposant un TAV « vert » ou de simples alternatives au tracé prévu. Il est temps de se rendre ensemble sur les lieux des travaux. C’est en ayant une présence sur place que nous pouvons être efficaces et effectifs pour empêcher ou ralentir le chantier.
En Italie, dans le Val de Suse les travaux avancent à pas de fourmis grâce à la mobilisation quotidienne des habitantEs de la vallée mais aussi de tout un tas de gens venus des 4 coins de la botte pour leur prêter main forte.
Depuis trop longtemps en France nous attendons que les italienEs amènent seuls la victoire. De l’autre côtés de la frontière, chaque années depuis 2005 des manifestations de plus 60000 personnes se retrouvent face à la police, l’armée, la mafia.
L’année dernière les NOTAV ont marché dans la vallée, d’Avigliana à Chiomonte, en s’arrêtant dans les villages. Ils mangeaient ensemble, marchaient ensemble, dormaient sur des terrains prêtés par des habitants. Ils prenaient le temps, celui qui va disparaître avec le TGV.
De là est née l’envie de faire une marche de quelques jours cet été, de ce coté ci de la frontière. Faire un bout du tracé, à pied, entre Lyon et le Val de Suse; s’arrêter là où les gens veulent bien nous accueillir pour une nuit ou deux, prêter une grange ou un bout de terrain. Nous voudrions organiser des concerts, projections, discussions, faire des courses d’orientation, construire des cabanes…
Sans avoir la prétention d’être des milliers, nous aimerions au moins que ça permette de parler du projet et de cette lutte qui dure depuis plusieurs années pour l’empêcher ; et pourquoi pas que d’autres luttes se croisent, se mêlent à cette occasion.
Alors, si vous êtes prêtEs à faire un bout de marche avec nous, à organiser avec ou sans nous dans votre commune un concert ou un buffet ; si vous êtes prêtEs à nous accueillir, ou simplement venir un soir raconter vos histoires sur la lutte contre le Lyon Turin (et d’autres), vous êtes invité à nous répondre au plus vite, pour que l’on puisse ensuite se rencontrer et s’organiser.
marchenotav@rebellyon.info
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Attenzione pericolo, la Tav si rimette in marcia. E noi allora?
I promotori della linea Tgv Lione-Torino annunciano la ripresa dei lavori per gennaio 2015 a San Martine la porte nelle Mourinee. Perché? Ebbene perché hanno il campo libero. In Francia l’opposizione alla Tav non è mai decollata veramente e loro ne approfittano. La perforazione del tunnel tra Saint-Martin-la-porte e la cittadina di Chiomonte inizierà senza dubbio quest’anno. Più i lavori avanzano più è difficile opporsi ai proponitori. Ci sono ancora molte cose da pensare affinché il progetto sia abbandonato. Sembra quindi particolarmente opportuno andare oltre la retorica di una Tav “verde” o di semplici alternative al percorso previsto. E’ il momento di ritrovarci nei luoghi dei cantieri. E’ con una presenza sul posto che possiamo essere efficaci ed efficenti per prevenire o rallentare i cantieri. In Italia in Val Susa l’avanzamento dei lavori procede a passo di formica grazie alla mobilitazione quotidiana degli abitanti. E sono giunti a dare una mano persone da ogni parte.
Da troppo tempo in Francia ci aspettiamo che gli Italiani da soli conseguano la vittoria. Dall’altra parte del confine, ogni anno dal 2005 manifestazioni con più di 60.000 persone si trovano ad affrontare la polizia, l’esercito, la mafia. L’anno scorso hanno marciato attraverso la valle di Avigliana fino a Chiomonte, fermandosi nei villaggi. Mangiavano insieme, camminavano insieme, dormivano sui terreni prestati dai residenti. Hanno preso tempo, quella che scompare con il TGV.
Così è nato il desiderio di fare una passeggiata di pochi giorni questa estate nel mese di luglio, al di qua del confine. Fare un percorso a partire dalle estremità, a piedi, tra Lione e la Valle di Susa; fermarsi dove le persone sono disposte a ospitarci per una notte o due, offrendo una stalla o un pezzo di terra. Vorremmo organizzare concerti, proiezioni, dibattiti, fare informazione, costruire capanne …
Senza pretendere di essere migliaia, potremmo almeno parlare del progetto e della lotta che dura da diversi anni per prevenirlo; E perché no, altre lotte si potrebbero unire, mescolandosi per questa occasione. Quindi, se siete pronti a fare una camminata con noi, organizzare con o senza di noi nella vostra città un concerto o un buffet; se siete pronti ad accoglierci per una notte, per raccontare le vostre storie sulla lotta contro il Lione Torino (e altri), vi invitiamo a incontrarci immediatamente in modo da poter organizzare l’evento.